lundi 2 mars 2009

Interview avec le Directeur de DAPI- Bénin, Dominique Sonou

‘’ La situation dans nos prisons est catastrophique’’

Dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, le directeur de DAPI- Bénin nous parle des conditions inhumaines dans lesquelles vivent les prisonniers au Bénin.

Le Projecteur
: Pourquoi DAPI- BENIN ?

Monsieur Sonou : Cela me rappelle mon papa. C’est en faite mon papa qui était malade au CNHU et j’ai été lui rendre visite quand j’ai constaté que dans sa salle d’hospitalisation, il y avait deux personnes menottées contre le lit sur lequel elles étaient couchées; j’ai posé la question au médecin de savoir pourquoi ils étaient menottés et c’est là qu’il me faisait comprendre que c’est des prisonniers. C’est cela qui m’a révolté et j’ai décidé de créer une structure pour m’occuper de la santé des détenus dans leur lieu de détention.

Monsieur Sounou, vous avez certainement parcouru les prisons de notre pays. Dites nous quel est l’état du milieu carcéral au Bénin et comment y vivent les prisonniers béninois ?
La situation actuelle dans les prisons béninoises est assez catastrophique dans la mesure où, pour une prison de 150 places à Abomey, on dénombre aujourd’hui 1500 occupants. À Cotonou, pour 400 places de prévues, on compte 2500 détenus ; bref au Bénin, il n’y a aucune prison qui n’ait atteint 5 fois sa capacité d’accueil. C’est bien dommage, nos prisonniers vivent mal, et on enregistre des morts tous les jours que Dieu fait dans ces prisons.

Avez-vous des aides ou des soutiens, notamment des autorités étatiques ?

L’Etat béninois ne nous a jamais soutenu ; encore une fois c’est dommage, parce que nous travaillons sous contrat avec l’Etat, mais jamais il ne s’est préoccupé de nous soutenir de quelque manière que se soit. Aujourd’hui, nous sommes passé de la santé dans les prisons à la récupération et à l’internement des enfants des prisonniers. C’est une première en Afrique, une institution non étatique qui s’occupe de la récupération des enfants de prisonniers qui sont entièrement pris en charge. Il y a dans notre centre, une école primaire, une école secondaire et même des ateliers de formation de divers métiers. C’est l’occasion pour nous de remercier le professeur Dorothée Sossa, l’ancien ministre de la justice qui nous a beaucoup assisté, les magistrats qui sont dans l’ombre et qui nous apportent leurs aides.

Parlez-nous un peu des difficultés que vous rencontrez par rapport à cette mission que vous vous êtes assignée.

Ce que nous faisons est hautement humanitaire et social. Comme difficultés, nous sommes confrontés à des résistances au niveau de l’administration, surtout au niveau du ministère de la justice. Nous avions initié par exemple un projet de sensibilisation et de formation de tous les huit milles détenus du Bénin sur les droits et devoirs des prisonniers. Alors, ce projet n’a pas eu l’assentiment du ministère de la justice ; or, le financement est disponible ; c’est les allemands qui veulent nous aider, mais malheureusement, le ministère béninois de la justice refuse de nous accorder une autorisation. Depuis six mois environs, notre demande d’autorisation est restée sans réponse. Or nous pensons que ce projet permettrait aux juges d’aller un peu plus vite, parce que les gens font la détention préventive pendant dix ans. C’est aberrant, ‘est extrêmement grave. Si nous voulons que notre pays soit réellement un pays de droit, il ne faudrait pas qu’on prive certains de nos concitoyens de ce droit de connaître leurs droits et devoirs.

Pourquoi selon vous le ministère refuse t-il de vous accorder cette autorisation ?

Je ne sais pas. Peut être que l’ignorance de la population carcérale de ses droits arrange certains ; je ne pense pas que ce soit le cas du gouvernement de mon pays .
Armel FERAEZ

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